Âme vraie

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La bonté est le principe par lequel nous pouvons obtenir de n'importe quel individu qu'il soit un parfait esclave, c'est-à-dire qu'il offre de lui même sa soumission sans qu'il soit nécessaire de lui devoir quelque chose, mais aussi, qu'il estime que ce geste est une gratification à part entière qu'il s'offre à lui même, de telle manière que la bonté soit non plus un geste tourné vers autrui, mais l'instrument de notre propre auto-satisfaction.

Alors je le dis bien bravement à vos faces rongées par le mensonge et la corruption, qu'ils soient de l'envergure de votre propre estime et du respect que vous accordez à votre intégrité ne doit pas en faire oublier la puissante nature malfaisante. Dans ces yeux retors qui, guidés par des pulsions détachées de l'âme, cherchent à s'attirer les faveurs de ceux dont vous n'avez pas encore ou depuis trop longtemps détruit les saines espérances, je vois la médiocrité qui vous gouverne, toute la splendide horreur de vos oublis prémédités. L'absence de vertus est une nature dont non seulement vous vous accomodez, mais qui semble se plaire à la profondeur de votre bêtise, vous n'avez même pas conscience d'être si manifestement lâches, tellement les distorsions qui affligent votre vie sont pour vous des sourires !

Piètres créatures, j'aurai pitié de vous parfois si je n'avais pas le souvenir tenace, le coeur abondamment déchiré et trahi par ceux-là même qui se réclamaient de son parti. La plaie s'ouvre sur l'âme, ce trésor dont vous vous êtes extirpés, superflue et pesante âme, combien de mes cris vous ont échappé ?! A la vérité vous vivez dans l'angoisse d'être simplement ce qu'il vous reste, c'est-à-dire toute la ruine d'un édifice qui n'a jamais été entretenu, ou si bien que ses portes sont maintenant closes, la sincérité vous manque autant que l'âme, et moi, je vous ai cotoyé avec la naïveté de l'enfant qui s'expose en amour comme en faiblesse, je croyais le bien là où je pouvais le faire, j'avais dans les yeux la poudre de votre générosité, celle qui m'avait fait défaut durant les longues années arides qui précédaient votre rencontre. La masquarade qui couvre comme un voile vos délits les plus ordinaires est un tissu dont la trame s'use et laisse apparaître le véritable enjeu de votre hypocrisie, de ce que vous nommez régal quand il n'y a que des cendres, des aspirations qui grandissent en vous comme des tumeurs mais dont, hélas, l'ennui vous guérit, c'est que tout en vous hurle au désespoir, hurle à la lucidité !

Rendez-vous compte ! Votre existence mérite moins d'intérêt que de conclusions ! Achevez donc de souffrir de n'être rien ! Lachez prise ! Mourrez dignement ! Soyez vrai une fois !

La jalousie dont vous accablez les êtres de passion ne vous ouvrira aucune voie vers les sentiments élevés qu'ils nourrissent jusqu'à en mourir. Car si leur foi s'est rendue discrète par vos méfaits, comprenez qu'elle restera inconcevable à vos esprits. Et quand la fin viendra les prendre, loin au pays de la diffamation, vous rirez; N'oubliez pas que ce n'était pas vous qu'ils fuyaient, mais de supporter plus longtemps de vous aimer encore.