La réalité est moins belle que la fiction qui pour
nous se dévoilait lentement, moins plausible que les
regards sans chaînes et plein de grâce que nous
jalousait l'inattendu, son coeur est moins fragile que nos
frissons volés.
Dans notre fiction, nous avions
l'ivresse sans le traumatisme de l'oubli. La réalité
s'applique à rendre universelle et inféconde, la
complexité que nous avions terrassée, doucement, le
long de nos phalanges aux fleurs peintes, soleil d'immanence,
nos doigts célébraient tes caresses par de vastes
promenades, sous tes rayons sincères et tendres,
précieuses arabesques sur ton ventre embrassées...
Aride réalité que celle qui cache pour pouvoir briller, de celle qui refuse qu'un pan du monde puisse obscurcir ses déjà trop macabres étendues, afin de respirer faiblement, tout l'air vicié d'un vase sans fond avec la conviction d'un malade à l'agonie, elle enferme ses proies et les laisse flotter sans but, à la surface des choses, dans le mouvement ininterrompu des étrangers sans âmes, qui alimentent par leurs jeux, le grand ballet des sans amours
La conviction, nous apprend le réel, vient à bout des plus beaux ouvrages, il suffit de croire que tout est foi avilissante, que tout geste se suffit à lui même, que l'homme est une machine sordide à la mécanique bien connue, de ceux qui sont suivant les circonstances, l'esprit ou le corps, mais qui a vivre ne prenne aucun plaisir. La réalité s'épuise à se maintenir à distance, d'être affectée elle craint, l'allegresse des plaisirs, mise au monde par le matérialisme jouisseur des vulgaires aux yeux de verre.
Nulle corruption n'entraine la fiction vers l'abîme de ses souffrances, car la fiction, sans peine, sous nos pas se déplace, patiente et s'efforce d'oublier que la réalité est d'un temps toujours trop précipité pour être entendue.