Les Métamorphoses

"L'inspiration créatrice des poètes se donne libre cours et n'astreint pas ses paroles à la vérité historique"
Ovide - Amours, III, 12.

Poète latin, Ovide est l'auteur des Métamorphoses, un ouvrage écrit au Ier siècle de notre ère. On y trouve le récit de l'histoire du monde, depuis le Chaos, jusqu'à l'avènement du puissant empire romain d'Auguste. Entre les deux, figurent les "métamorphoses des formes en des corps nouveaux" des histoires où sont mêlés les Dieux, les mortels et toutes les créatures issues de la mythologie grecque, et qui ont pour point commun de donner pour origine à certaines particularités du monde, le pouvoir des Dieux sur la forme humaine.

Le passage de l'homme à l'animal, au végétal, au minéral même, est ainsi décrit comme le résultat d'un chatiment, ou bien au contraire, de la clémence des Dieux pour des infortunés. Sur toutes ces histoires mises en ver par Ovide, pèse de tout son poids l'infatiguable Destin, qui fait tour à tour, les héros, les martyrs et les déchus.

A l'origine donc, tout est un. L'univers offre un seul aspect, une seule forme, et le mouvement n'a pas encore glissé au dedans des choses pour s'en faire la nature même. Et puis l'impulsion est donnée, un premier geste qui annonce tous les autres. Par qui ? Par quoi ? Nul ne sait. Ovide lui-même n'émet qu'une supposition : un Dieu avant tous les autres, extérieur au Chaos ? La Nature dans ses principes directeurs, vitaux ? A défaut des causes, intéressons-nous aux conséquences : Une série de division transformèrent le Chaos, qui séparèrent le ciel de la terre, les éléments entre eux, il se fit un ciel et du ciel descendit l'air plus lourd. Sur toute la terre l'eau se répandit au gré des vents nouveaux. La roche se souleva, il y eu des vallées, des montagnes, des plaines, et la végétation couvrit harmonieusement l'ensemble des terres. La terre prit la forme que nous lui connaissons, celle d'un globe recouvert de neiges aux pôles, et que le soleil embrasse cruellement sur toute sa circonférence médiane. Ainsi faite, la terre fut peuplée de trois espèces distinctes, les poissons pour les eaux, les bêtes sauvages pour la terre, et les oiseaux pour l'air mobile.

Avant l'homme, sont déjà les Titans et les Dieux, ces êtres nés des premiers mouvements du monde. L'homme vient tardivement, et les version divergent. La paternité de l'homme revient parfois aux Titans, parfois aux Dieux, parfois à leurs actions mêlées...
Reste que l'homme porte en lui un paradoxe originel, il est à la fois désiré et réprouvé, et son attitude vis-à-vis des Dieux et du monde en conserve l'ambivalence. Dans les Métamorphoses, l'érotisme et la mort se cotoient de très près, et symbolisent toute la difficulté des hommes à avoir pour origine un monde contre lequel ils doivent sans cesse lutter.