Notre pouvoir à tous a un nom, il s'agit de la liberté, et cette liberté doit être enrôlée demain, pour la construction d'un monde uni. A quoi bon une liberté dormante ? Qu'apporte cette énergie à la société si elle n'est pas employée à des fins plus grandes ? Ce que la société demande, ce que le peuple veut, c'est d'être guidé, d'avoir ses forces canalisées, car la souffrance attend ceux qui s'emprisonnent dans leurs désirs, et nous ne sommes parfaitement satisfaits qu'ensemble, réunis par nos similitudes.
Notre temps
Parce que les besoins de tous sont les besoins de chacun, que les disparités nourrissent la haine de l'autre, la gestion collective du temps est au coeur de notre programme. Personne ne veut vivre avec l'angoisse permanente d'un lendemain incertain, personne ne doit avoir le sentiment d'être seul face à son destin. C'est pourquoi nous adopterons tous le même temps, construit de manière à ne laisser aucune place aux errances maladives de l'esprit oisif, un temps entièrement productif et social. Dorénavant, les activités individuelles seront proscrites et passibles d'une condamnation grave, car il suffit d'un seul élément perturbateur pour gâcher toute l'harmonie du groupe.
Notre famille
Qu'est ce que la famille sinon le soutien indéfectible du groupe, l'étreinte dépassionnée et rassurante qui laisse les démons personnels au seuil de la communauté ? Ce que la famille ne doit pas être, ce que nous ne la laisserons plus être, c'est cette forme d'emprise affective contenue au sein du foyer, cette monstruosité qui jalousement garde ses secrets et dévore ceux qu'elle appelle les siens. La famille, notre famille, c'est celle que nous constituons par l'entreprise que nous formons, par les buts que nous nous sommes fixés, par la rigueur et la méthode d'un corps social sain. L'hygiène publique nécessite qu'il ne soit plus cedé l'opportunité à des individus, sous le prétexte d'avoir engendré la vie, d'avoir des droits sur leur progéniture. Tout le monde appartient à tous, et c'est à cette seule condition qu'un enfant pourra bénéficier de l'enrichissement de l'humanité tout entière. Cette forme de séquestration sera formellement prohibée, au profit d'organes spécialisés, qui formeront la prime-jeunesse à prendre place parmi nous.
Nos liens
L'erreur commise par le passé, est d'avoir pris à la légère une des plus profondes inégalités survivant depuis des temps immémoriaux, celle entre les hommes et les femmes. Cette distinction, si l'on regarde en arrière, a toujours été vecteur d'une faiblesse traversant la société de part en part. Cette distinction, ce n'est pas la notre, car notre programme prévoit une uniformisation des statuts, des droits et des devoirs entre les deux sexes. A commencer par les relations d'ordre reproductif. Toute violence entre les sexes nait de la non-régulation de ces rapports, et c'est pourquoi nos liens ne seront pas les liens d'hier. Notre sexualité n'est pas seulement un droit, c'est un devoir, et toute structure qui la restreint, l'interdit ou la sanctionne, devra disparaitre pour le bien commun. Tout le monde appartient à tous. Un partenaire dans l'âge réglementaire ne peut se soustraire à une demande sans porter atteinte à la stabilité de la société. A cet effet, l'âge légal définissant la maturité sexuelle sera réévalué chaque année en fonction du rapport entre offre et demande. Les relations privilégiées avec un partenaire seront soumises à surveillance, pour le bien de tous, et l'éclectisme sexuel, ce dont l'humanité a toujours eu besoin, sera fortement encouragé.
Notre oeuvre
Nous allons bâtir ensemble une oeuvre qui illuminera l'avenir et rejetera définitivement dans l'ombre les fantômes du passé. Cette oeuvre, notre oeuvre, c'est d'abord notre fierté, le travail de la communauté. Nous connaissons tous les conditions qui amènent les hommes à dénigrer leur travail, à s'en plaindre, à refuser de participer à l'effort collectif. Et pourtant, nous ne sommes forts que grâce à ce travail. Il doit être plus qu'une valeur, le travail amène fierté et sens à la vie de chacun. Il est le plaisir. Le plaisir d'avoir fait don de sa force, de son intelligence, de son temps, de notre temps. Ce que doit attendre l'individu de son travail ? Ce n'est pas le salaire, outil de propagande, toxique et mensonger. Le salaire disparaitra, parce que c'est notre souhaits à tous. Le vrai fruit du travail, c'est la prosperité, le sentiment d'utilité et d'avoir réalisé une oeuvre fondamentale : bâtir demain. Cette fierté ne doit plus être l'apanage de quelques élites ou du soit-disant talent dont les critères ne sont jamais objectifs. Notre fierté, c'est celle de tous, sans différence de sexe, d'âge et sans considérer la nature de la tâche à réaliser. Cet enrichissement est un défi que nous devons relever ensemble, en bousculant les vieux préjugés sur l'enfance, en permettant à tout ceux qui le peuvent de participer à notre oeuvre.
Nos erreurs
La culpabilité et la honte sont des mots que nous voulons abolir. Qui voudrait se sentir éternellement coupable de ce qu'un petit nombre de personnes à commis ? Ce sentiment n'est pas propice à notre élévation, notre ascension vers une société d'ordre et de joie. Le produit de la nature s'est si longtemps imposé comme une évidence que nous en oublions le pouvoir immense de l'humanité, celui de transformer, de corriger, de purifier ses propres aberrations. L'esprit déviant du criminel, l'affliction de l'homosexuel, la souffrance des infirmes et des incurables, ce sont là des maux individuels qui se propagent et finissent par contaminer toute la communauté. Nous ne voulons pas de la pitié, comme nous ne voulons pas supporter le coût social de la prise en charge de ceux qui affaiblissent l'intégrité de la communauté. Dans cet esprit, nous devons nous montrer ferme et prévenant plutôt que tenter vainement de panser les blessures dont nous ne sommes pas responsables. Des programmes de rééducation seront systématiquement adoptés vis-à-vis des éléments déviants, et nous encouragerons chacun d'entre nous à être le gardien de cette conformité. Débarassés d'affects, nous ferons ce qui est juste pour tous, pour le bien commun, en commençant par assainir la société de ses infirmes, en identifiant de façon précoce les signes de cette infirmité. Quant à ceux qui vouent leur énergie au mal, à la dissension, à la criminalité, ils n'ont pas de place dans le jardin que nous nous évertuons d'édifier. Le jardinier doit-il se soucier de préserver la beauté de l'agencement de ses plants ou assurer la survie coûte que coûte de chacun d'entre eux ? Notre pensée va dans le sens du collectif, du projet commun, et pour cela nous n'aurons, ensemble, plus peur d'en finir avec le mal qui nous ronge.
Notre histoire
L'art et le divertissement se sont profondement mêlés au cour des temps anciens, pour quel résultat ? Des clivages insensés, des ambiguités sans réponse sur ce que doit être la joie, le plaisir, le beau, le vrai. A l'aube de notre ère fondée sur la liberté, nous avons besoin d'un monde culturel miroir de notre projet, un monde net et stable qui satisfera notre désir profond de jouir de la même clarté, des mêmes images, de la beauté limpide et stable que nous aurons érigée au sommet des inclinations individuelles. Cette beauté a un nom, c'est celui de l'Histoire. Notre histoire. Sans cesse renouvelée, sans cesse enrichie dans sa course puissante vers l'avenir, notre histoire deviendra notre culture. Nous partagerons ensemble les fruits de cette histoire grâce à tous les médias dont nous disposons. Notre musique chantera notre épopée, le cinéma projetera nos plus grandes aspirations, la littérature sera empreinte de cet élan, comme un arbre florissant, chacune de ses branches sera une histoire de notre Histoire, de celle que nous écrirons à la surface du temps.
Notre heure
Nous ne devons pas oublier que les médisants, les médiocres, les parangons d'une logique révolue, voudraient voir notre projet anéanti, car c'est à raison qu'ils le voient comme une menace. Ils tiennent à leur société où les plus puissants cotoient les plus misérables. C'est à dessein qu'ils enseignent une histoire tronquée, légitimant sans cesse la laideur du monde comme une condition nécessaire de leur propre survie. Nous allons devoir être vigilants, patients également, car notre heure approche. Cette heure, c'est celle où la force du lien qui nous unit viendra à bout de leur système corrompu. Cette heure, c'est celle des élections prochaines. Notre conviction à tous, c'est qu'il n'existe pas de pouvoir de la majorité dans une société qui cultive la différence. Notre conviction c'est que les élections doivent nous fournir l'occasion d'agir plutôt que de laisser à d'autres le soin de le faire. Notre heure, mes amis, vient avec le soulèvement de tous, un soulèvement féroce et salvateur. Faisons plus que de croire en nos principes, hissons les à la tête de notre nation !