Le Sphinx

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Elle avait l'air de ne pas être concernée, de toujours avoir une position de recul, de repli, en toute circonstance.
Lucide sans s'en donner l'air, elle scellait dans le temple de son âme les sentiments, tant atroces que prodigieusement ardents, capable de réveler au monde sa délicatesse, son inépuisable humanité. Même bannies et épuiseés, les douceurs que son être gardait jalousement n'étaient pas sans avoir affecté l'enveloppe charnelle les retenant captives d'une grâce céleste et grave.

Ses traits, un pinceau gracile enduit d'une encre immaculée les avait effleurés, il dessinait dans l'espace cette silouhette evanescente qui, à terme, devait faire mourir de pleurs la nature de n'avoir pas engendré elle même l'exquise personne. La grande stature de son âme n'avait que faire de prolonger dans l'espace un corps déja si parfait, aussi elle n'avait pas les dimensions sculpturales d'une divinité, ce qui n'aurait d'ailleurs que trop accentué la difficile comparaison pour cette dernière. Au pâle magnétisme de sa peau, contrastaient la fascination pour ses deux bêtes sombres, superbes et félines, gravées dans le sable cristallin de son visage.Ils étaient toujours calmes et langoureux, mais source d'une puissance certaine, prête à jaillir au moindre battement d'aile de chacun des anges noirs qui ornaient leurs crinières.

Si sa beauté était manifeste, elle n'en gardait pas moins des charmes plus secrets qui la gardaient bien loin de toute comparaison avec l'égérie du vulgaire, de l'homme prompt à aimer parce que ses yeux le lui dictent. Peut être était-ce ces sortilèges là qu'elle ignorait le plus, ceux qui auréolent ses doigts d'enfants d'une affabilité émouvante. Au delà, mon coeur trahissait bien plus que de l'amour, il trahissait une reconnaissance pour la femme, l'esprit et l'enfant.